La Saponification à Froid

La saponification à froid exige précision et patience afin d’obtenir des savons de grande qualité mais laisse une place de choix à la créativité du savonnier !

Pourquoi « à froid » ?

En opposition à la fabrication industrielle qui nécessite cuisson (+ de 100°C pendant plusieurs heures) et relargage (des excès de soude et de la glycérine). La saponification à froid consiste à utiliser la chaleur naturelle de la réaction et donc à ne pas cuire la pâte à savon. Le mélange d’huiles et de soude se fait aux alentours de 50°C maximum (nécessaire pour faire fondre les beurres végétaux), il est ensuite coulé dans des moules qui seront isolés afin de conserver la chaleur dégagée pendant le processus (réaction exothermique: ~+20°C).

Les avantages de la saponification à froid.

  • Le choix des matières premières.

Le gros avantage de saponifier à froid, c’est de choisir les huiles/beurres de base. En effet selon les acides gras employés, le savon aura des propriétés différentes: dureté, pouvoir moussant, émollient… Le fait de ne pas cuire la pâte permet d’utiliser des huiles végétales sensibles mais riches en propriétés bienfaisantes pour la peau comme l’huile de chanvre, d’amande douce, de noisette, de noix… Les savons industriels sont composés de graisses résistantes à la chaleur comme le suif (sodium tallowate) ou l’huile de palme (sodium palmate).

  • Des savons surgras.

Le fait de calculer précisément les quantités de soude et d’huiles permet de choisir le pourcentage d’huile qui ne sera pas (totalement) transformé en savon. Un savon surgras à 8% signifie que 8% des huiles seront présentes comme telles dans le savon. Le surgraissage permet de protéger et nourrir la peau.

  • La glycérine.

Elle est naturellement formée lors de la saponification, et donc présente dans les savons à hauteur de plus ou moins 8% selon les huiles utilisées. Elle apporte une hydratation et un confort de la peau car elle peut retenir plusieurs fois son poids en eau !

  • Écologique.

La plupart des savonniers à froid utilisent uniquement des ingrédients naturels (et bio): huiles végétales, huiles essentielles, plantes, argiles… ce qui en font des savons sains, biodégradables et doux pour la peau. Les savons industriels contiennent (trop) souvent des conservateurs, colorants et parfums de synthèse, huiles minérales, EDTA… qui provoquent allergies, maladies de peau et dégradation de l’environnement…
Le processus ne nécessite pas beaucoup d’énergie (mis à part celle de la savonnière), pas de machines, pas de rejets de déchets.

Comment reconnaître un savon fabriqué à froid?

Généralement, le plus simple est de le demander. Le savonnier, s’il procède à la saponification à froid, ne s’en cache pas, bien au contraire, il se fera un plaisir de vous le dire et de vous en expliquer les nombreux avantages. Le procédé est généralement inscrit sur les étiquettes.

Attention, certains parlent de pressage à froid… ce n’est pas la même chose, il s’agit du procédé semi-industriel décrit plus haut. Vous pouvez ainsi demander si le savonnier procède lui-même à la saponification, si c’est oui et à froid, c’est gagné, vous vous trouvez devant de bons savons hydratants; si c’est non, ou si il vous répond à côté, c’est sans doute de l’industriel.

Les savons saponifiés à froid se reconnaissent également à leur apparence, d’aspect brut, ils sont souvent marbrés de jolies couleurs et veloutes, tout droit sortis de l’imagination et de la dextérité du savonnier.

 

Déroulement des opérations:

  • Tout d’abord, je pèse minutieusement les huiles végétales (et/ou beurres), l’eau et la soude.
  • Je prépare ensuite ma lessive en versant la soude dans l’eau (on peut remplacer l’eau par une infusion de plantes, du jus de fruit, du lait, …). Et c’est là que toutes les précautions sont à prendre: masque, gants, lunette et blouse! Cette solution est exothermique, c’est-à-dire qu’elle dégage de la chaleur: la température peut monter jusqu’à 110°! Elle est mise de côté pendant qu’elle refroidie.
  • Pendant ce temps, je mets les beurres à fondre en veillant à ce que la température ne dépasse pas 50°C pour ne pas dénaturer les propriétés des acides gras. J’ajoute ensuite les huiles liquides.
  • Lorsque les 2 mélanges sont à même t° (~40°C), j’introduis la solution de soude dans les huiles. Il faut bien mélanger à l’aide d’un fouet pour que toutes les molécules entrent en contact. L’utilisation du mixeur peut-être une aide précieuse pour accélérer la saponification (en particulier avec une pâte composée uniquement d’huile d’olive par ex).
  • Au bout de quelques minutes (temps variable selon les huiles/beurres utilisés), le mélange va commencer à s’épaissir: c’est la « trace ». A ce moment là, je sais que la saponification à bien commencer son œuvre.
  • Je peux alors ajouter d’autres ingrédients pour enrichir le savon: huiles végétales précieuses, huiles essentielles, graines, plantes, argiles…
  • Un dernier coup de fouet pour homogénéiser le tout et je verse dans les moules.
  • Il faut isoler les moules (film plastique, couvertures, glacière…) pour conserver la chaleur dégagée pendant tout le processus. La pâte va rester 24H min. au repos. Ce temps permet à la saponification de se poursuivre et le savon durcit.
  • Le savon est ensuite démoulé, coupé et mis en cure pendant 4 semaines min. (la saponification se termine lentement et ils sèchent).